Sur mon chemin
Tous les jours, quelque part, j’allais me promener :
Pour raison de santé, il me fallait marcher.
Un jour, sur mon chemin, voici que j’ai croisé
Cinq hommes, comme moi, sur le même sentier.
Ils avaient, eux aussi, besoin de s’accorder
Le même exercice pour leur bonne santé.
Moi, je suis un “jaune”, m’a dit le premier :
Je suis né en Asie, je ne peux le nier.
Pour bien t’en assurer, considère donc mes traits.
Ta couleur nous unit, lui ai-je rétorqué :
Pour moi comme pour toi, le soleil vient briller
Dans sa belle couleur qui est toute dorée.
Le second, quant à lui, s’est mis à m’affirmer :
Moi, tu vois, je suis “noir”, depuis que je suis né.
L’Afrique est la terre qui m’a été donnée.
Ta couleur nous unit, lui ai-je rétorqué :
Pour moi comme pour toi, le jour va se coucher,
Et tout va s’obscurcir quand la nuit va tomber.
Le troisième m’a dit: tu peux le remarquer,
Moi, je suis un “rouge”, un Indien, et un vrai:
Les gens de ma race sont ainsi appelés.
Ta couleur nous unit, lui ai-je rétorqué :
Pour moi comme pour toi, il est rouge foncé
Le sang qui coule en nous pour nous alimenter.
Le quatrième m’a dit, quand je l’ai rencontré:
On dit que je suis “bleu”, car je suis Touareg,
Ta couleur nous unit, lui ai-je rétorqué :
Pour moi comme pour toi, le ciel est coloré.
N’est-il pas bleu partout, dans tout notre univers?
Le cinquième était blanc et il m’a déclaré :
Nous avons en commun la même identité.
On est blanc tous les deux: on peut donc s’apprécier.
La couleur nous unit, lui ai-je rétorqué :
Pour moi comme pour toi, quand la neige est tombée
D’un manteau de blancheur tout est enveloppé.
Alors, nous tous les six, l’on s’est bien regardé,
Et l’on s’est surtout dit que rien ne peut briser
L’estime et le respect dont on peut s’honorer
Quand les yeux de l’amour demeurent bien ouverts,
Donnant à l’être humain d’être en capacité
D’emprunter les sentiers de la fraternité.
Ce qui fait la beauté de notre humanité,
C’est qu’ainsi nous soyons des gens bien structurés,
Nous qui sommes chargés de la constituer,
Tout en sachant, bien sûr, nourrir les amitiés
Qui peuvent nous mener à nous considérer
En estime et respect pour bâtir l’unité.
Ce qui fait la grandeur de notre humanité,
Ce n’est pas la couleur dont nous sommes teintés,
Nous qui sommes chargés de la représenter.
Ce qui fait sa grandeur, c’est toute la clarté
Qui parle de nos cœurs quand ils sont bien taillés
En relief de bonté et de sincérité.
Quel bonheur dans la vie de pouvoir nous trouver
En présence de gens d’horizons bien divers,
Chacun portant en lui défauts et qualités,
Mais tous ayant reçu l’appel à ressembler
A Celui qui veut bien nous faire héritiers
Des Trésors de La Vie dans son Eternité.
Abbé Dunate