L’amitié – 2
Elle vit, l’amitié, quand elle est maîtrisée,
dégagée des poussées qui pourraient la souiller,
Délivrée de tout lien qui pourrait empêcher
De vivre en liberté et en fidélité
Les liens d’une alliance qui serait engagée.
Elle vit, l’amitié, quand elle se défait
De toute jalousie qui pourrait gangrener
Le fond de la pensée, vicier ce que l’on est,
Désirant que tout soit sur soi orienté,
L’autre n’étant qu’objet que l’on veut posséder.
Elle est vraie, l’amitié qui se vit en clarté,
Qui n’est pas énervée, qui n’a rien à cacher,
Qui n’est pas constamment en train de calculer
Comment se conserver en cherchant à tromper,
Pour s’être fourvoyée en terrain embourbé.
L’amitié qui est vraie conduit à respecter
L’autre comme il est, en voulant l’estimer,
Communiant avec lui au bonheur qu’il connaît
En suivant le chemin tracé par ses projets,
S’efforçant simplement de bien l’accompagner.
Pour apprendre au monde comment il faut aimer
Il se trouve Quelqu’un qui s’est manifesté
Modèle en amitié, en mourant crucifié,
Détaché de lui-même, entièrement donné
Pour le bien et la vie du monde tout entier.
Le Seigneur Jésus-Christ, il faut bien le nommer,
A ouvert les sentiers de la juste amitié
En venant ressembler à ceux qu’Il veut aimer.
Si ceux-ci, à leur tour, peuvent Lui ressembler,
Alors dans l’amitié tous les traits sont parfaits.
Chacun peut devenir expert en amitié,
S’il veut, du fond du cœur, apprendre à L’écouter.
Ceux qui vont jusqu’à Lui, Il sait les structurer
En droiture et bonté, en conscience bien taillée
Selon ce qu’en leur cœur Il vient leur demander.
L’amitié peut germer en terrain défriché
Où tous les sentiments se trouvent nettoyés
Des taillis des passions qui sont désordonnées.
Son terreau le meilleur, c’est bien l’humilité.
Sa croissance lui vient de la sincérité.
L’amitié conduit à vivre dans l’unité.
Elle se reconnaît à ses fruits de bonté.
Elle sait écouter. Elle sait partager.
Elle sait oublier. Elle sait pardonner.
Elle sait tout donner et ne rien se garder.
Si La Loi de l’Amour est partout proclamée,
Celle qui vient de Dieu, Lui qui est le premier
A l’avoir appliquée en venant tout sauver,
Alors dans tous les cœurs l’amitié va jouer
Le rôle du ferment pour tout améliorer.
Chacun dans ce qu’il peut se trouve limité.
Il n’est pas déshonneur que l’on soit secondé.
Le champ de l’amitié sera bien cultivé
Si l’on sait appeler Celui qui peut aider
A tracer les sillons où l’on cherche à semer.
Le Maître des Moissons n’est pas à ignorer
Si l’on veut être heureux quand il faut récolter.
La Sagesse est en Lui: Il veut bien la donner
A qui veut devenir solide en amitié,
Pour être, par sa vie, témoin de ce qu’Il est.
Quiconque Le supplie qu’Il soit à ses côtés
Pour l’aider chaque jour à bien se situer
Auprès de ceux qu’il peut simplement rencontrer
Ne manquera jamais d’estime et de respect,
Montrant qu’en amitié il n’est pas le dernier.
Abbé Dunate